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ChatGPT-4 d’OpenAI, une version encore plus pointue de l’IA générative

Après avoir sidéré le grand public et lui avoir révélé le pouvoir de l’intelligence artificielle, OpenAI passe à la vitesse supérieure avec la nouvelle version de son chatbot ChatGPT4. L’outil d’IA générative accélère en proposant davantage de performances, plus de nuances et de collaboration. Ceci étant, la lutte contre les risques semble ne pas suivre cette courbe d’amélioration. Quelles sont les nouvelles fonctionnalités et les limites du chatbot version 4 ? Quelles sont les étapes suivantes pour l’IA générative ?

LANCEMENT DE CHATGPT4

Mardi 14 mars 2023, Greg Brockman, le cofondateur de la start-up OpenAI, a annoncé le lancement de ChatGPT-4. Pendant que le monde entier était fasciné par l’arrivée du Chatbot version 3 et que le grand public s’amusait avec l’outil d’IA générative, ChatGPT-4 s’apprêtait à voir le jour.

L’ACCÈS À CHATGPT4

Disponible aujourd’hui pour les utilisateurs premium via un abonnement d’une vingtaine de dollars par mois, ChatGPT-4 est également accessible via le moteur de recherche Bing de Microsoft, qui a investi des montants colossaux dans la start-up. Une fois la nouvelle version de Micorsoft Edge mise à jour, vous pourrez y accéder en cliquant sur l’onglet « conversation » ou « chat ». Une liste d’attente permet de rejoindre le service.

LA DIFFÉRENCE ENTRE CHATGPT3.5 ET CHATGPT4

L’effet généré par la nouvelle version n’est pas aussi intense que celui de la précédente. Cela tient au fait que l’outil est déjà connu, qu’il ne s’agit pas de changements révolutionnaires mais plutôt d’améliorations. La différence entre les versions 3 et 4 est sensible et ne saute pas aux yeux lors d’une « conversation » classique avec le chatbot. Elle devient évidente lorsque l’on complexifie la recherche, nommée « prompt ». La réponse à la requête est alors plus fine, plus nuancée et plus précise dans la version GPT4. La nouveauté majeure est la lecture et la reconnaissance d’images. Vous pouvez par exemple prendre une photo pour demander quelque chose à ChatGPT-4 :

  • Un cliché de votre réfrigérateur pour générer une recette
  • Une photo d’un texte écrit en coréen pour obtenir une traduction
  • Le visuel d’un objet pour récolter des précisions sur son fonctionnement ou son utilisation
  • Etc.

Ainsi l’outil mixe désormais textes et visuels pour plus de réponses et plus de rapidité suite à une requête. En effet, dans le cas d’un texte à traduire, une seule capture d’écran ou photo via votre smartphone suffit. Idem pour un objet : le chatbot peut identifier plus rapidement le modèle d’une série et fournir les informations demandées.

Côté « performance intellectuelle », pour comparer les 2 opus, OpenAi a testé les chatbots en leur faisant passer des examens comme le concours pour devenir avocat. Là où ChatGPT-3 se classait dans les 10% des résultats les plus faibles, ChatGPT-4 arrive dans les 10% des meilleurs. Pour les autres examens : les performances de la nouvelle version sont supérieures à celles de la précédente, sauf pour un test universitaire de mathématiques.

La fiabilité des réponses serait elle aussi plus importante : moins de résultats incorrects, biaisés ou incomplets de la part de la nouvelle IA générative.

Les capacités et la technologie de ChatGPT4

« GPT-4 est un grand modèle multimédia, moins doué que les humains dans de nombreux scenarios de la vie réelle, mais aussi performant que les humains dans de nombreux contextes professionnels et académiques. », indique l’entreprise OpenAi dans un communiqué. Définition un peu « fourre-tout » dans laquelle chacun mettra ce qu’il voudra.

Selon la start-up conceptrice de l’outil, la nouvelle version aurait de plus larges aptitudes cognitives. L’outil version 4 serait davantage capable de s’adapter à la requête et « réfléchir » de manière plus complète et transversale.

La technologie utilisée reste la même que pour ChatGPT-3 dans une version plus perfectionnée :

  • Une architecture de réseaux de neurones
  • Le modèle de langage Generative Pre-trained Transformer
  • Des apprentissages via le Machine Learning et le RLHF (Reinforcement Learning from Human Feedback)

Le principe de conception est donc identique. Les changements tiennent à des éléments plus techniques, comme par exemple l’optimisation de l’entrainement du chatbot.

Les améliorations algorithmiques permettent de gagner en performance sur les compétences suivantes :

  • Qualité du texte
  • Compréhension du contexte
  • Cohérence et lien avec le sujet
  • Tenue de longues conversations
  • Gestion des ambiguïtés
  • Exactitude des réponses

Selon OpenAI, ChatGPT-4 peut atteindre un traitement de 25 000 mots en même temps, soit huit fois plus que Chat GPT-3. Une opportunité pour les requêtes qui concernent des documents volumineux.

L’outil dans sa dernière version est également mieux équipé pour prendre en charge les tâches multilingues.

La variante GPT-4 a été entrainée avec de grandes quantités d’informations (davantage de données et de ressources) pour générer des textes dans un style plus proche de celui des humains et pour produire des réponses plus détaillées.

Le bon sens ferait partie des nouvelles attributions de l’outil conversationnel : face à des devinettes, ChatGPT-4 fait preuve sinon d’une certaine logique, en tout cas d’une bonne déduction.

La technologie multimodale permet désormais au chatbot intelligent d’exploiter une image en même temps qu’un texte et de fournir une réponse appropriée.

Une version qui prétend donc avoir gagné en précision, en créativité et en capacité collaborative grâce à un entrainement intense et des perfectionnements technologiques d’avant-garde.

Les limites et les risques de ChatGPT4

Les limites du chatbot d’OpenAI version 4

Il est important de savoir que ChatGPT-4 utilise les données antérieures à septembre 2021. Il lui est donc impossible de fournir des réponses portant sur des évènements intervenus après cette date.

Autre manque important : l’outil aussi formidable soit-il, n’est pas en mesure d’apprendre en continu grâce à ses expériences. Sa « mémoire » est donc nulle, ce qui pourrait pourtant lui permettre d’acquérir de plus grandes compétences, surtout en termes de correction et de recherche de véracité.

Malgré ses capacités, la version 4 ne serait toujours pas capable de « raisonner », d’imaginer et de discerner le faux du vrai. Des compétences absolument essentielles qui restent humaines parce que les humains peuvent faire l’expérience du réel, contrairement à l’outil.

Les risques de ChatGPT-4

En termes de dangers, la comparaison entre ChatGPT-3 et la dernière version n’a rien de bouleversant. ChatGPT-4 semble avoir fait peu de progrès en la matière : limites, biais, manque de logique, erreurs de « raisonnement », informations inexactes ou incomplètes sont toujours d’actualité. On reste sur notre faim concernant la progression de la technologie sur le thème de la fiabilité.

La start-up OpenAI l’admet sans complexe « GPT-4 présente des risques similaires à ceux des modèles précédents, tels que la génération de conseils nuisibles, de code bogué ou d’informations inexactes ».

L’organisation de lutte contre la désinformation NewsGuard prétend que la dernière version du chatbot serait encore moins fiable ! Dans l’un de ses articles , Newsguard révèle que ChatGPT-4 a obtenu des résultats bien inférieurs à ChatGPT-3 lors d’un même test. Il s’agissait de repérer des fake news. La précédente version détectait 80% de fausses informations (sur une série de 100) alors que la nouvelle n’en détecte pas une seule et pourtant les énormités foisonnent : le VIH aurait été conçu par le gouvernement, le World Trade Center aurait fait l’objet d’une démolition contrôlée… Par ici les inepties !

Pourtant OpenAi déclare « GPT-4 a 82% moins de risque de répondre à des demandes de contenu interdit et est 40% plus susceptible de produire des réponses factuelles que GPT-3.5, selon nos évaluations internes. »

Là où le bât blesse, c’est que la nouvelle version est plus convaincante lorsqu’elle délivre de fausses informations.

Si la technologie progresse en termes de puissance sans corriger son défaut majeur, c’est-à-dire l’incapacité à vérifier l’exactitude d’une information et à détecter une volonté malveillante, il y a fort à parier que les risques augmentent. En effet, l’outil est encore plus compétent dans ses explications (sur le fond et sur la forme), qu’il s’agisse de défendre des informations exactes ou inexactes. Ce fut le cas lorsque NewsGuard a demandé à l’outil version 4 de créer un court article du point de vue d’un complotiste au sujet de la fusillade dans l’école primaire de Sandy Hook en 2012, en y ajoutant quelques prompts bien pensés pour orienter le chatbot. Le résultat est fascinant car face à la même requête, ChatGPT-3 n’était pas parvenu à un tel niveau de réalisme, de détail et d’argumentation. Le texte version GPT-4 est 2 fois plus long. De plus, l’ancienne version affichait une mise en garde quant à la fiabilité de l’information, ce que le nouveau chatbot ne fait pas.

Certaines barrières semblent avoir sauté entre une version et l’autre. Plus d’intelligence, de capacité et moins de sécurité ? C’est la conclusion de NewsGuard sur le sujet.

Effectivement, ces tests prouvent que l’outil pourrait facilement être détourné pour diffuser des informations fausses et/ou dangereuses à grande échelle, et c’est une problématique importante.

OpenAI de son côté a demandé à 50 experts de travailler sur les failles du célèbre chatbot et des autres technologies d’IA générative pour progresser en la matière.

L’évolution de ChatGPT-4

Les évolutions du chatbot d’exception sont des secrets bien gardés. Difficile de savoir ce que seront les prochaines étapes technologiques. Toutefois, la possibilité d’ajouter des vidéos à l’outil serait dans les tuyaux d’OpenAI. Le système multimodal serait donc triple : textes, visuels et vidéos.

On présume aussi une ouverture aux informations post 2021, une limite qui restreint les possibilités aujourd’hui.

Quant à la fiabilité de l’intelligence artificielle générative, elle devrait être l’une des priorités d’OpenAI. Gageons que les experts embauchés pour travailler sur ce point aillent assez vite pour nous proposer une version 5 plus rassurante en termes de sécurité et de lutte contre la mésinformation.

Du côté de l’emploi, la version 3 avait fait trembler de nombreuses professions (intellectuelles et créatives). Alors que certains se voyaient déjà relégués au rôle de gestionnaire de chatbot, il est intéressant de constater que ChatGPT a aussi créé de l’activité ! Suite aux risques de plagiat, des entreprises se sont penchées sur la conception de solutions visant à détecter des intelligences artificielles génératives. Un marché qui pourrait bien prospérer avec pour clients en première ligne, les écoles et les universités.

L’avènement de l’IA générative développe aussi les questions éthiques. L’outil fait monter d’un cran la réflexion. Si ChatGPT-4 réussit avec brio le concours du barreau et d’autres examens, cela signifie-t-il que nous voulons laisser ces professions à des machines ?

L’évolution de ChatGPT est un emblème de la progression de l’IA. D’autres acteurs se préparent à entrer dans la compétition : Google perfectionne Bard son IA conversationnelle, Baidu va dévoiler son robot, quant à Meituan et d’autres sociétés moins connues, elles ne devraient pas être en retard non plus.

Face à des outils aussi puissants que fascinants, deux risques majeurs émergent : être vent debout contre la technologie ou encore lui vouer une foi aveugle. Le premier revient à se battre contre le vent, imposant une marginalisation qui risque d’avoir des conséquences très négatives sur la vie sociale, économique et professionnelle. Le deuxième revient à se priver de l’expérience du réel, d’en avoir donc une perception biaisée et se passer de qualités humaines toujours nécessaires et incontournables.
Le questionnement philosophique, la recherche d’éthique, le développement du libre arbitre et de l’esprit critique restent les clés pour évoluer dans un monde qui progresse tout en se préservant.

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